La bibancarisation avec la création d'une banque de la diaspora comorienne constitue un enjeu essentiel pour l'État comorien à condition d'offrir des garanties crédibles pour rassurer les expatriés quant à son bon fonctionnement avec une gouvernance étatique exemplaire. À défaut, cela risque d'être un échec prévisible
Par Darchari MIKIDACHE, président du think tank "Cercle des Economistes et des Experts Comoriens (CEEC)"
www.darcharimikidache.over-blog.com
La diaspora est considérée comme la « sixième région » d’Afrique.
Les transferts de la diaspora de l'Afrique atteignent chaque année près de 39 milliards de dollars en 2015 et 36 milliards de dollars en 2014 selon les estimations de la Banque Mondiale, un montant largement à l'aide publique au développement.
Néanmoins, le montant destiné au secteur productif reste modeste, il est estimé en moyenne à 10% des montants globaux alors que pour les pays asiatiques ce montant peut atteindre 30%. Néanmoins, la Diaspora africaine constitue un atout indéniable pour le développement du continent africain tant en termes de ressources financières, d'investissements communautaires, de savoir-faire et d'innovations sociales et techniques ainsi qu'en matière d'entrepreneuriat.
La diaspora africaine, un poids économique et social non négligeable
Les contributions économiques, sociales et humaines de la Diaspora africaine au niveau du développement des économies des 54 États du continent africain constituent un enjeu essentiel pour l'avenir de l'Afrique. Il est primordial que les gouvernants concernés accordent une importance capitale à la Diaspora compte tenu de leurs contributions économiques et en termes de ressources humaines et de constructions d'infrastructures de base.
La création d'un ministère plein chargé de la Diaspora ne semble pas être une idée saugrenue pas seulement pour un pays comme le Mali ou le Sénégal.
La diaspora comorienne, un enjeu essentiel pour réussir le décollage économique
Un pays comme les Comores où plus 25% de la population est à l'étranger dont au moins 70% en France soit 300 000 Comoriens de la diaspora comorienne sur une population estimée à 800 000 habitants et qui envoie près de 60 milliards de francs Comoriens. Par le canal officiel et près du double avec les transferts informels soit plus de 180 %, supérieur à l'aide publique au développement et représentant 25 % du Produit Intérieur Brut (PIB) mérite également de disposer d'un véritable ministère ou à défaut que le Commissariat Chargé de la Diaspora soit rattaché à la présidence de l'Union des Comores afin qu'un programme économique ambitieux puisse permettre aux expatriés de s'investir davantage dans le développement national et dans la promotion d'activités économiques créatrices de valeur ajoutée, d'emplois et de ressources fiscales et non fiscales pour l'État.
L’orientation des flux de transfert d’argent dans les secteurs productifs est primordiale
Une politique spécifique d'orientation des flux de transfert d'argent de la Diaspora africaine dans les secteurs productifs notamment la transformation et valorisation des produits locaux, le Tourisme, les Technologies de l'information et de la communication, l'économie bleue, l'agriculture et l'élevage et les services devra être mise en œuvre dans les meilleurs délais. La Promotion du pays auprès des investisseurs étrangers ne peut être une politique suffisante si des mesures incitatives ne sont pas mises en œuvre en direction de la Diaspora comorienne. La mise en place d'un Guichet unique, la création d'un Livret d'épargne Développement (LED) pour capter l'épargne de la diaspora au service de l'émergence des Comores tout en offrant des garanties de liquidité, de sécurité et d'avantages fiscaux et en termes de taux de crédit attractifs, la définition de secteurs productifs privilégiés et prioritaires d'investissement avec la Promotion des groupements d'intérêts économiques ou de coopératives agricoles ou agro-alimentaires constitue des chantiers à mettre en œuvre pour le prochain président des Comores.
Une banque de la diaspora, essentielle sous réserve de bonne gouvernance étatique
La bibancarisation avec la création d'une banque de la diaspora comorienne constitue un enjeu essentiel pour l'État comorien à condition d'offrir des garanties crédibles pour rassurer les expatriés quant à son bon fonctionnement avec une gouvernance étatique exemplaire. À défaut, cela risque d'être un échec prévisible.
Une plus grande implication de la diaspora dans la politique nationale, gage de renforcement national
Le vote de la Diaspora et la mise en place d'une structure représentative de la Diaspora comorienne ou à défaut la représentation d'élus de la Diaspora à l'Assemblée Nationale constituent des axes de travail pour impliquer davantage celle-ci dans le développement économique et social du pays. La volonté politique des gouvernants sera la clé de voûte pour réussir une telle stratégie.
Darchari MIKIDACHE
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