M. Darchari MIKIDACHE, président du think tank " Cercle des Économistes et des Experts Comoriens (CEEC) et président de l'ONG USHABABI WA MESO INTERNATIONAL (Jeunesse & Avenir)
Face au chômage massif qui affaiblit la cohésion sociale et nationale, il est urgent d'agir concrètement en innovant en matière de politiques publiques de lutte contre le chômage : la création de sociétés à capitaux mixtes industrialisantes et créatrices d'emplois avec un volet de formation technique et le soutien actif de l'entrepreneuriat des jeunes, des expatriés avec la promotion du "Made in Comoros".
Par Darchari MIKIDACHE
La jeunesse souffre et mérite de trouver du travail correspondant à ses qualifications. Or les politiques publiques de l'emploi sont presque inexistantes voire peu efficaces pour le chômage des jeunes et des moins jeunes. La seule fonction publique, les seules sociétés d'État, les nominations politiques ne suffiront pas à accélérer la réduction de la pauvreté ni du chômage.
Les jeunes méritent d'être soutenus dans leurs efforts de s'insérer professionnellement. Il est temps d'innover pour désamorcer le fléau du chômage aux Comores.
Avant tout, il est urgent de réformer le système d'éducation nationale pour le rendre plus performant en matière d'adaptation aux besoins du marché avec un renforcement des savoirs fondamentaux. Une professionnalisation des modules d'enseignement à l'Université des Comores est incontournable. La mise en place d'une passerelle avec le secteur privé via les syndicats de patronal et des opérateurs économiques doit en faire partie avec la mise en place de stages intégrés et du monitorage conjoint. De même, la création de réseaux de pôles régionaux de lycées techniques sur l'ensemble du territoire national est une phase indispensable. De même, il est indispensable de créer une plateforme de formation permanente et technique pour tous les salariés désireux d'acquérir de nouvelles compétences ou se reconvertir dans d'autres métiers sous forme de Conservatoire National des Arts et Métiers où chacun aura une chance de se former pour augmenter ses chances soit de trouver un travail soit créer son propre emploi via l'entrepreneuriat. Il est par conséquent recommandé d'introduire un module obligatoire ou optionnel selon les filières au niveau de l'acquisition des savoirs faire fondamentaux en entrepreneuriat et en économie numérique.
Comme je l'ai proposé déjà, l'État ne doit pas croiser les bras en attendant des aides internationales pour agir en créant des initiatives entrepreneuriales industrialisantes qui valorisent les ressources naturelles ( produits vivriers, produits de rente, ressources halieutiques, etc.) via des sociétés aux capitaux mixtes. La transformation économique des produits locaux avec des conditionnements adéquats peut déboucher sur la création de zones d'activités économiques prioritaires pouvant créer des milliers d'emplois en intégrant une formation technique interne dans chaque volet de projets. Cela permettra non seulement de relance le "Made In Comoros" mais également de créer de l'emploi en augmentant la productivité et la production nationale pour contribuer à réduire la dépendance alimentaire. Des Coopératives agricoles devraient être encouragées dans les communes pour faire travailler les personnes au chômage avec une rémunération intéressante et motivante. Un service de soutien agricole devra être créé au sein de chaque municipalité afin d'accompagner les jeunes et les moins jeunes désireux de se lancer dans l'exploitation agricole. Un service de mutualisation des outillages pour faire accroître la production et la productivité au sein de chaque préfecture devrait être mis en place avec la mise en place de Coopérative technique.
De même, le taux d'intérêt des crédits à l'entrepreneuriat et à l'investissement productif étant très élevé entre 9 et 18 % voire 25% avec les frais annexes, l'État devrait agir pour réduire le coût global du crédit pour l'entrepreneuriat et pour les investissements productifs créateurs d'emplois avec des taux d'intérêts réduits ou bonifiés voire des prêts à taux zéro pour des secteurs prioritaires et créateurs d'emplois. Un fonds de garantie et une agence d'accompagnement des initiatives économiques devraient encadrer et soutenir les jeunes entrepreneurs.
De même, une politique de captation des fonds de la diaspora avec une orientation des transferts d'argent vers l'investissement productif, l'entrepreneuriat et l'actionnariat dans les sociétés à capitaux mixtes devraient être menée. Cela suppose le rétablissement de la relation rompue avec la diaspora, l'amélioration du climat des affaires et la restauration d'une justice véritablement républicaine et respectueuse des procédures judiciaires.
Tout est question de volonté politique. Néanmoins, le chômage massif qui sévit aux Comores avec une paupérisation de la population implique des Actions concrètes et rapides de la part des pouvoirs publics pour sauver non seulement la jeunesse comorienne mais également le reste de la population meurtrie par une crise sanitaire inédite qui handicape gravement la situation économique et donc celle du marché de l'emploi. Nous devons tous fournir des efforts pour réussir à faire face chacun devant exercer ses responsabilités selon le poste occupé.
Darchari MIKIDACHE
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