Faire face à la crise économique par une relance efficace et réformatrice pour un avenir meilleur pour tous est une nécessité vitale. Se contenter de mettre juste à niveau les opérateurs économiques et les secteurs touchés par la crise sanitaire est une courte vue qui ne prend pas en compte un risque de décrochage économique des Comores. Une nouvelle politique de renforcement de l'attractivité des îles de la lune par un plan pluriannuel de réformes structurelles et sectorielles reste une voie incontournable pour assurer un décollage économique crédible et assurer des perspectives viables pour les dizaines des milliers de jeunes et moins jeunes désespérés et touchés par la précarité et le chômage massif depuis une dizaine d'années.
Par Darchari MIKIDACHE
Face à la crise économique, les pouvoirs publics ne doivent non seulement relancer l'économie pour sauver les nombreuses entreprises et activités informelles touchées par la pandémie Covid-19 mais également agir pour réformer les Administrations publiques et parapubliques et faciliter activement la création de nouveaux emplois pour les milliers de salariés en chômage, les femmes actives et les plus vulnérables ainsi que les jeunes diplômés ou non en situation de précarité avancée. Il est du devoir des pouvoirs publics d'agir concrètement.
Près de 39% de la population comorienne vit en dessous du seuil de pauvreté. Le chômage touche plus de 45% de la population active. Et près de 87% des produits consommés aux Comores sont importés alors que les Comores disposent de potentialités non négligeables à commencer par les ressources marines ou halieutiques, des surfaces agricoles inexploitées, des produits de rente bio (ylang-ylang, vanille, clous de girofle, autres fleurs à essence comme le jasmin) exportées dans le monde, des fruits tropicaux qui poussent tous seuls et à même le sol et qui pourraient être transformé en produits finis comme la confiture, les fruits secs, un accompagnement dans le conditionnement des gâteaux, des plantes variés et rare pour la fabrication de thés de grande qualité nutritionnelle, des arbres à feuilles à la composition nutritionnelle exceptionnelle comme le moringa, des produits vivriers à conditionner pour la transformation, une économie numérique à développer, un tourisme durable à valoriser, etc.
Quelques mesures concrètes pour relancer l'économie de l'Union des Comores :
- baisse des taux d'intérêts pour les entreprises qui investissent dans la modernisation et pour les entrepreneurs ;
- Mise en place d'un fonds de garantie à partir des fonds d'épargne (création de nouveaux produits financiers attractifs pour capter et gérer l'épargne tel qu'un livret d'épargne développement) et sur les excédents budgétaires ;
- agence d'accompagnement des jeunes entrepreneurs et des femmes en recherche d'autonomisation ;
- création de fonds d'investissement dans la création de sociétés à capitaux mixtes avec gestion privée mais avec une initiative parapublique avec un volet de formation interne intégré ;
- mise en place de zones d'activités économiques facilitées dans des secteurs prioritaires et créateurs d'emplois et de valeur ajoutée "Made in Comoros" pour les investisseurs locaux et pour les investisseurs issus de la diaspora ;
- réduction du coût global d'emprunt pour les ménages, les frais annexes étant trop élevés pour encourager la consommation
- mise en place d'un plan d'augmentation de la productivité nationale avec un programme de soutien de la modernisation technique ;
- soutien des initiatives économiques communales ou régionales au niveau agricole ou artisanal avec la mise en place dans les communes de Services municipaux agricoles et d'un service de Soutien entrepreneurial des jeunes dans le cadre d'un plan quinquennal ;
- Amélioration significative du climat des affaires avec le respect rigoureux des procédures de justice pour les affaires et pour les citoyens. Le Conseil Supérieur de la Magistrature doit travailler sereinement quitte à sanctionner au besoin les manquements proceduraux ;
- Mise en place d'un programme de soutien du secteur privé en particulier une intégration progressive et stimulante des activités informelles par la mise en place d'un fonds d'appui des jeunes avec prêts d'honneur garanti par l'État entre 100 000 et 500000fc avec un suivi par un centre de gestion agréé après une étude préalable des micro-projets.
Il est urgent de sortir du discours de politique politicienne ou de langue de bois pour travailler au service de l'intérêt collectif.
Face à la souffrance de la population, des jeunes, des retraités et des milliers de chômeurs en grande difficulté, la volonté politique, une gouvernance exemplaire et transparente qui appuie et consolidé les institutions de la République, le recrutement des bonnes compétences aux bons postes avec une nouvelle culture de promotion de l'égalité des chances sur le territoire national, la promotion des femmes aux responsabilités tant politique qu'économique au plus haut niveau comme dans les départements stratégiques et un renforcement de l'Action publique par une plus grande déconcentration des services publics et un meilleur fonctionnement des communes avec des ressources locales stabilisées constituent les voies à emprunter dans les meilleurs brefs sans attendre des années.
Darchari MIKIDACHE
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