Un plan pluriannuel et opérationnel de mise en place d'un véritable enseignement technique et professionnel est essentiel pour renforcer les dispositifs d’employabilité des jeunes en difficultés ou déscolarisés.
Encourager les jeunes qui entreprennent aussi bien eaux Comores qu’en France est un devoir pour tout acteur politique désireux de soutenir la lutte contre le chômage. La diaspora comorienne a toute sa place dans le développement économique et social des Comores.
Avec un montant de transfert annuel estimé à plus de 60 milliards de francs Comoriens soit plus 130 millions d'euros, soit un montant presque deux fois supérieur au budget de l'Etat comorien, la diaspora comorienne en particulier celle qui se trouve en France joue un rôle économique non négligeable sans compter ses apports en termes d’investissements communautaires et infrastructures ainsi qu’en termes de savoir-faire et de ressources humaines.
Par Darchari Mikidache, acteur politique et président du think tank "Cercle des Économistes et des Experts Comoriens (CEEC)
Il convient d’instaurer une politique économique dynamique prenant en compte le potentiel économique de ladite diaspora en tant que premier investisseur aux Comores et en tant acteurs économiques créateurs de valeur ajoutée et d'emplois. Des facilités administratives, juridiques et fiscales devraient être accordées sous réserve de création d'emplois durables sur une période déterminée après de véritables assises de la diaspora et de la relance de l’économie nationale.
La transformation des produits locaux, le conditionnement, la mise en place de labels de qualité et de normes internationales au même titre que la mise en place d'un plan national d'augmentation de la productivité agricole sont des axes de travail essentiels.
Le chômage constitue un fléau qui mine la cohésion nationale. Les jeunes sont les premiers touchés par le fléau du chômage endémique qui atteint un peu plus de 45% des jeunes à la recherche d’un emploi.
L’ampleur du chômage aux Comores exige la mise en place de mesures fortes et novatrices afin de faire face à la bombe sociale que constituent les milliers d'étudiants qui quittent le système universitaire chaque année. L’inadéquation des diplômes délivrés par rapport aux besoins du marché local doit interpeller les pouvoirs publics. L'administration publique étant pléthorique, il est temps de réformer non seulement les administrations étatiques de l'Union des Comores mais également celles des exécutifs insulaires tout en lançant un vaste programme pour reformer les programmes de l'éducation nationale dans le cadre d'une adaptation du contenu aux besoins du pays et du marché.
Des assises pour une plus grande professionnalisation du contenu de l’enseignement national sont indispensables. Elles doivent se mettre en place en étroite collaboration avec le corps enseignant et les syndicats de l’Education nationale. Les opérateurs du secteur privé à travers leur représentation notamment le MODEC (Mouvement des Entreprises des Comores), des représentants des chambres de commerce, de l’Artisanat et de l’Industrie, des délégués de la Maison de l’Emploi devront y jouer un rôle capital. De même, un plan pluriannuel et opérationnel de mise en place d'un véritable enseignement technique et professionnel est essentiel pour renforcer les dispositifs d’employabilité des jeunes en difficultés ou déscolarisés. La création de pôles de lycées techniques compléterait les mesures visant à rendre opérationnels les jeunes sur le marché du travail.
Le développement d'une filière touristique à la fois durable et mieux organisée ainsi que la véritable économique numérique constituent également des gisements de création d'emplois. De même, la création d'un parc technologique de l'Océan indien avec siège aux Comores pourrait être un moyen de stimuler l'économie dite digitale. L'exploitation des ressources de la mer est également un axe d'action publique tout aussi important.
Le choix des meilleures compétences avec la dépolitisation de l’administration publique contribuerait grandement à renforcer l’efficacité des actions à mettre en œuvre à condition de stabiliser les cadres chargés du suivi de la nouvelle stratégie. Bien entendu, la promotion de l’entrepreneuriat ne devra pas se concrétiser par la mise en place d’un crédit formation des jeunes et un dispositif d’accompagnement des jeunes désireux de créer leurs propres entreprises. Cela suppose que l’Etat comorien mette en place un fonds de garantie pour les jeunes investisseurs ainsi qu’un dispositif innovant permettant aux jeunes de bénéficier d’un crédit à taux bonifié avec un différé de remboursement. Cela suppose la mise en place d’un programme d’accompagnement et de suivi avec du monitorat et l’inscription obligatoire dans un centre de gestion agréé pendant une durée minimale de trois années.
Les sources de financement de ces dispositifs sont multiples. Au delà de l’appui des partenaires de développement des Comores, la mobilisation des ressources fiscales et non fiscales à travers l’élargissement de l’assiette fiscale, l’augmentation du taux de recouvrement de l’Administration Générale des Impôts et du Domaine (AGID), la mise en œuvre d’un programme crédible et soutenu de réduction du secteur informel et de promotion du civisme fiscal, le renforcement des prérogatives de l’Administration fiscale en matière de recoupement des données et de l’exercice des droits de communication au niveau des établissements de crédits et assimilés, la réorganisation et l’amélioration des services de contrôles fiscaux et leur déploiement sur le territoire national, ainsi que la mise en place d’un dispositif efficace de formation internes des agents fiscaux constitue un axe prioritaire que le Ministère des Finances devrait emprunter afin de dégager des ressources financières additionnelles permettant de pouvoir constituer un fonds de départ pour financer notamment le programme préconisé.
Darchari Mikidache
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