Les transferts d'argent de la Diaspora africaine doivent être mis au service du financement des secteurs productifs nationaux
Par Darchari Mikidache, Acteur politique et président du think tank "Cercle des Économistes et des Experts Comoriens (CEEC)
Tout est relatif en matière de pauvreté... En Afrique, plusieurs millions familles vivent avec seulement 2 euros par jour alors qu'en Grèce avec 60 euros par jour la situation économique et sociale de la population apparaît dramatique. Certes le niveau de vie n'est pas le même mais tout de même. Les Autorités publiques sont invitées à mettre en place des programmes ambitieux pour éradiquer la misère et la pauvreté partout dans le monde.
Les gouvernants du continent africain ont une obligation à tout mettre en œuvre pour trouver des solutions durables au chômage massif, à la précarité, à la misère et à la famine ainsi que de sortir de cette logique de l'assistanat financier et économique compte tenu que nos pays disposent de ressources naturelles, humaines et d'énergies capables de rivaliser avec des grandes Nations. L’Afrique est devenue un panier aux œufs d’or bien que les dirigeants ne sont pas en mesure de se les approprier en plus d’une croissance économique forte mais qui ne crée pas assez d’emplois. Il est temps que cela change.
Les pays africains ne sont pas pauvres. C'est la gestion que nous en faisons qui rend les Nations africaines pauvres. Il convient de commencer, par placer les bonnes personnes aux postes. Valoriser nos ressources humaines intérieures et celles issues de la diaspora africaine constitue un axe de travail à ne pas négliger.
De même, il est essentiel d’instaurer un programme national de mobilisation et de recouvrement des recettes fiscales et non fiscales dans le cadre d'un plan transparent, rigoureux et novateur, permettant aux usagers des services publics et des contribuables de s'assurer du bon usage des fonds collectés au service de l'investissement public, du paiement des dettes de l'État en particulier les traitements des agents publics, de l'amélioration des services de la formation et conversion professionnelle et technique pour les jeunes et moins jeunes, de la construction des infrastructures de base en l'occurrence, l'électricité, l'eau, les transports ainsi que de la santé publique avec des services de qualité dans les hôpitaux publics pour des tarifs très accessibles pour la population. Une campagne panafricaine de promotion du civisme fiscal et de la transparence de la gestion publique constitue une piste à explorer. Cela pourrait se traduire par des campagnes nationales adaptées en fonction des nécessités de chaque pays africain.
Cette mobilisation des ressources publiques implique un effort de transparence des actions publiques dans une véritable politique de lutte contre le sentiment d'impunité et contre les injustices sociales, économiques et judiciaires. La lutte contre la corruption institutionnalisée est un facteur essentiel en permettant une égalité des chances pour tous. Ce qui peut se traduire par l'encouragement des jeunes qui entreprennent, la stimulation du secteur privé avec l'octroi régulier de bourses de projets ainsi que des prix à la fin de chaque année. La formation dans l’entrepreneuriat devrait partie intégrante du système éducatif national dès le niveau secondaire. Un travail en profondeur dans ce sens devra être mené pour que la culture de l’entrepreneuriat se développe davantage dans toutes les couches sociales.
De même, il est essentiel avec la mobilisation des recettes fiscales et non fiscales, de mettre sur pied des projets industriels et agro-alimentaires avec des capitaux publics et privés. Ce qui permet permettre de créer des milliers d'emplois, réduire la pauvreté, valoriser les compétences et ressources locales. La constitution de fonds d'investissement public peut y jouer un rôle capital pour la viabilité et la mise en œuvre de projets structurants nationaux, source de création de richesses et de valeur ajoutée. La mise en place d’investissements à capitaux mixtes peut être un levier pour transformer les économies locales tout en créant des emplois durables.
Les transferts d'argent de la Diaspora africaine doivent être mis au service du financement des secteurs productifs nationaux. Plus de 60 milliards de dollar sont envoyés chaque année en Afrique. Une politique d'incitation et d'encouragement à investir dans des secteurs productifs jugés prioritaire s par les États africains. Certains dispositifs sont en cours de tests dans le continent africain mais ils ne vont pas assez loin et leur efficacité est à prouver. D'autres mesures peuvent améliorer et accélérer davantage la valorisation des flux de transféré d'argent dans le continent.
Ainsi, à titre illustratif, les transferts d'argent de la diaspora comorienne dont le montant dépassé largement les aides publiques au développement, plus de 25% du produit intérieur produit (PIB), plus de 180% du budget national doivent être mis au service du financement de l'économie Nationale. La bibancarisation est appelée à être concrétisée rapidement partout en Afrique en l'occurrence les Comores. Des populations publiques d'orientation des transferts dans les secteurs productifs doivent être accompagnées de mesures stimulantes en matière fiscale, financière et administrative.
De même, de par le constat que plusieurs pays africains, les banques sont surliquides, à savoir que de l'argent dort dans les établissements bancaires et financiers ou très peu de cet argent sert pour financer des projets bancables et viables faute de garantie ou de projets intéressants et rentables présentés, il est essentiel de mettre en place un fonds de garantie pour des secteurs productifs définis prioritaires pour l'État avec des conditions capables de libérer l'énergie entrepreneuriat du secteur privé. Cela implique une sécurisation plus complète des propriétés des investisseurs avec un droit des affaires adapté pour les opérateurs économiques et institutionnels. En outre, l'épargne dormante dans les banques et établissements de crédit sous forme de livret d'épargne constitue des fonds qui peuvent être mis au service des économies nationales dans le respect des réglementations bancaires protégeant bien entendu l'épargnant à 100%. Cela pourrait se traduire par la création de Caisse des Dépôts pour financer des projets structurants et pour contribuer dans l'abaissement du coût du crédit global pour les investisseurs locaux et la Diaspora. Plusieurs pays africains dont le Sénégal, la Mauritanie et le Gabon disposent déjà de Caisses de Dépôts avec des objectifs similaires et des résultats encourageants.
Une prise de conscience à la fois individuelle et collective ne saurait être un catalyseur suffisant sans une détermination de la classe politique et un mouvement social et sociétal. La volonté politique est essentielle pour initier les actions fondatrices de cette vision novatrice et pragmatique du développement de l'Afrique. Plusieurs pays de l'Afrique sub-saharienne sont sur cette voie. Pourquoi d'autres pays y compris les Pays considérés comme les moins avancés à l'exemple des Comores.
Darchari Mikidache
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