Par Darchari MIKIDACHE, président du think tank "Cercle des Économistes et des Experts Comoriens (CEEC)
L'Afrique doit devenir le fer de lance de son propre développement économique. Les richesses de la mer ou souvent assimilé à de l’or bleu dans le cadre d’une économie dite bleue ou marine constituent une source de croissance économique, et de financement de l'émergence d'une économie marine. Cette dernière est en mesure de créer des industries de transformation et d'exportations de produits halieutiques avec des retombées non négligeables en matière de création d'emplois
Un rapport de la Commission des Nations - Unies pour l’Afrique datant de 2014 (Africa Progress Panel) préconise une prise en main et une action coordonnée au niveau des océans, des mers et les lacs qui auraient ont besoin de plus d'attention afin de mieux jouer leur rôle dans le développement du continent africain.
Selon Antonio Pedro, Directeur de la Commission économique pour l'Afrique dans la région de l'Afrique Est, les océans couvriraient 72% de la surface de notre planète et constituent plus de 95% de la biosphère tandis que les grands fonds marins fournissent 32% de l'offre mondiale d'hydrocarbures. Cette richesse halieutique pourrait couvrir les besoins alimentaires d’une portion significative de la population mondiale. Elle pourrait également jouer un rôle moteur pour le développement de l'Afrique.
Certes, une prise de conscience des gouvernants est entrain de s’opérer. Mais la mise en œuvre d’actions concrètes tarde au niveau des pays. Et la question de financement n’est pas réglée. Cela est d’autant plus vrai qu’il serait aberrant voire peu crédible de solliciter l’aide externe sans que chaque pays ne fasse un effort de mobilisation de ressources internes pour faire face aux enjeux et aux défis relatifs à la promotion de l’économie bleue, source de richesses et d’emplois non négligeables.
La pêche non déclarée et non réglementée a des conséquences néfastes pour l'Afrique tant en matière de respect de l’écosystème marin en termes de pertes de ressources alimentaires, économiques et d’emploi. Cela prive également les Etats de recettes fiscales non négligeables. Le rapport considère que la perte de ressources en Afrique de l'Ouest atteindrait près est de 1,3 milliard de dollars par an sans compter les dommages des systèmes écologiques, de la sécurité alimentaire et de la nutrition.
L'Afrique doit cesser de sous-traiter l'exploitation de sa mer à des sociétés et pays étrangers. Un partenariat gagnant-gagnant avec un transfert de technologies et de savoir-faire technique et industriel. Une mutualisation des moyens et des pratiques de pêche et de développement des industries marines au sein de l'espace continental est une nécessité absolue. La Commission de l'Union Africaine et la Banque Africaine de Développement devraient se saisir de cette piste pour créer un pôle Économie bleue" au côté d'un pôle Énergies renouvelables.
La volonté des 54 chefs d'État et de gouvernement du continent africain est conditionnée à une prise de conscience collective et à un souci de diversification des sources de financement des politiques publiques ainsi que de création d'emplois nouveaux.
L’aquaculture est une activité d’avenir pour les pays ne disposant pas d’espace maritime suffisant. La mutualisation des savoir-faire, la lutte concertée contre les pillages halieutiques, l’adaptation de la formation professionnelle aux besoins de cette nouvelle filière insuffisamment exploitée et la mise en place de moyens juridiques en plus de la mobilisation et le déblocage des fonds nécessaires pour promouvoir l’or bleu constituent des axes d’actions pour des gouvernements volontaristes et soucieux de faciliter l’émergence de leurs économies respectives.
Darchari MIKIDACHE
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